Avec une population d’environ 25 000 habitants, Whitehorse est la capitale du Yukon. Sur ce 25 000, on dénombre quand même un bon 1200 citoyens dont la langue maternelle est le français, ce qui est une proportion suffisante pour y établir une école et une garderie francophones. La communauté francophone a même créé l’Association Franco-Yukonnaise (AFY) qui organise plusieurs activités pour ses membres, dont des cafés rencontres tous les vendredis, des ateliers/cours/conférences en français sur différents sujets, des sorties de plein air, etc. Sa mission officielle est « d’assurer, avec nos partenaires, la création et le développement de services, d'activités et d'institutions nécessaires au plein épanouissement et à la viabilité de la communauté franco-yukonnaise.» Il est donc possible à Whitehorse de continuer à vivre en français et que les enfants reçoivent une éducation francophone si désiré.
Les Premières
Nations occupent quant à elles 16% de la population. On retrouve aussi un
faible pourcentage de citoyens allemands, philippins et chinois, pour ne nommer
que ceux-là.
Pour une
« région éloignée », Whitehorse est donc étonnamment diversifiée au
niveau démographique. Mon expérience des endroits ethniquement diversifiés m’a jusqu’à
maintenant montré que plus différentes cultures se côtoient, plus on retrouve
une ouverture d’esprit en général dans la population. À l’inverse, plus la
population est homogène, plus on risque d’y retrouver le fameux syndrome du
« c’est pas que j’suis raciste, (notez que lorsque quelqu’un commence une
phrase par c’est pas que j’suis raciste
mais, ça augure toujours très mal pour le reste de la phrase) et ça ne me
dérange pas qu’ils pratiquent leurs « affaires » entre eux autres, en
autant que ça soit pas chez nous. »
Prenez par exemple
Montréal, que certaines personnes – souvent des gens qui n’y ont pas habité - vont qualifier de ville où le
je-m’en-foutisme règne et où personne ne s’entraide. En tant que native d’une
petite ville, je le croyais aussi avant d’y habiter. Puis, après y avoir vécu,
j’ai conclu que je-m’en-foutisme devrait plutôt être vu comme une attitude de
vivre et laisser vivre. C’est à dire que chacun vit sa vie comme il l’entend et
que c’est correct comme ça, peu importe ta culture, ta religion, ta façon de t’habiller,
tu vas toujours être le bienvenue à Montréal et les gens ne te jugeront pas. Cela
n’empêche pas que les gens s’entraident, et c’est précisément cette nuance
qu’il faut faire : le fait de vivre et laisser vivre n’empêche pas
l’entraide. Les deux conditions peuvent coexister ! Pour vous donner
quelques exemples, une fois j’étais en train de me stationner au centre-ville
et un citoyen qui marchait sur le trottoir me fait des signes par la
fenêtre pour me dire quelque chose ; je descend ma fenêtre et il me
dit « je pense que vous n’avez pas le droit de vous stationner ici selon
ces indications (me pointant la signalisation bordélique sur le poteau); juste
pour vous éviter une amende… » ; effectivement il avait raison. Il
ajoute « j’ai vu un stationnement un peu plus loin au coin de telle rue et
telle rue, si vous voulez vous dépêcher ! » Une autre fois j’étais
sur un feu rouge et l’homme dans la voiture à côté de moi me fait signe de
baisser ma fenêtre « vous devriez vérifier la pression de votre pneu avant
droit car je crois qu’il est en train de se dégonfler ». Je-m’en-foutisme
à Montréal, vous disiez ?
Tout ce préambule
pour dire que j’ai ressenti la même attitude d’ouverture à Whitehorse qu’à
Montréal. C’est quelque chose qui se sent immédiatement lorsqu’on entre dans
une ville. Les gens ne te regardent pas avec un « qui est cet
étranger ?? » dans les yeux mais plutôt avec un « bienvenue chez
nous ! », ce qui fait toute la différence comme nouvel arrivant. À la
caisse de l’épicerie, la caissière va te jaser comme si tu faisais déjà partie
de la place, et quand tu lui dis que tu es « newly arrived » elle va
te souhaiter la bienvenue et s’intéresser à pourquoi tu viens t’installer ici,
te rassurer en te disant que vas apprécier vivre à Whitehorse. Même chose avec
le gars du bureau de poste, la fille des ressources humaines de ton nouvel
emploi, la responsable du bureau des licences professionnelles, et ainsi de
suite. Tu arrives dans ton nouvel appart, et la proprio t’a laissé un lys en
pot, une bouteille de vin, une boîte de popcorn et une carte pour te souhaiter
la bienvenue. Tu vas fouiner au centre d’arts de Whitehorse pour jeter un coup
d’oeil aux installations, et tu rencontres une Québécoise avec qui tu discutes
un peu et qui t’invite à souper chez elle après seulement 10 minutes de
discussion. Tu marches sur le trottoir et tu rencontres quelqu’un qui marche en
sens inverse, il va te faire un petit hochement de tête en guise de salut ou
même te saluer directement. Tu traverses la rue au centre-ville, et le gars qui
traverse en même temps que toi va te lancer un « It’s a cold day
today !! ». C’est comme ça ici, les gens veulent que tu te sentes
bien, ils veulent t’intégrer à leur communauté dès les premiers jours. Et
autant tu te sens pris sous leur aile, autant tu ne te sens pas obligé de rien,
tu te sens libre.
Un autre truc qui
est hallucinant ici est la gratuité de nombreux trucs. Par exemple, les
stationnements payants sont rares, sauf peut-être sur les principales
« artères » du centre-ville où on retrouve quelques parcomètres (mais
il est toujours très facile d’en trouver un gratuit à quelques minutes à pied).
Nous sommes allés voir la migration des cygnes à Marsh Lake le weekend dernier.
Cette journée-là, il y avait quelques 900 cygnes sur le lac. Il aurait été
facile de mettre un coût d’accès à 10$ l’entrée (au pire 5$... juste pour dire)
et de foutre un stationnement payant à côté du site, mais il n’en était rien.
Gratos. Pourtant, il y avait des tentes à l’extérieurs avec des activités pour
les enfants, des naturalistes sur place qui pouvaient nous informer sur la
migration de ces cygnes, donc tout ça aurait pu être en quelque sorte « chargé ».
Mais non. On s’est donc promené au soleil sur le bord du lac entouré de
montagnes, à regarder les cygnes se baigner avec les jumelles qu’ils nous
avaient prêtées à l’accueil.
Même chose pour les
sentiers dans la forêt qui serpentent la ville avec différents accès – dont
l’un d’eux est à 10 minutes à pied de chez moi – et qui ne coûtent absolument
rien. On peut y faire de la raquette, du ski de fond, du vélo de montagne et de
la randonnée pédestre sur plusieurs kilomètres ! Pour les amateurs de
camping, on me disait qu’ici les Yukonnais campent un peu partout à des
endroits improvisés et que c’est toléré pour autant que le site soit laissé
propre, donc encore une fois, pas de frais. Tu peux aussi poser ton canot ou
ton kayak sur n’importe quel lac ou rivière, gratos.
Toutes ces
activités gratuites contribuent aussi à ce sentiment de liberté qu’on ressent
ici.
Si on change de
sujet et qu’on va du côté « accessibilité à certains produits » et
« coût de la vie en général », j’ai été surprise de constater qu’à
l’épicerie la plupart des trucs que j’achetais au Québec sont disponibles. Cela
est peut-être dû à la diversité ethnique et c’est tant mieux, car j’ai retrouvé
de la sauce à tacos de marque « Costena » (la meilleure c’est la
verte !!!), du riz et des feuilles d’algues pour sushis, du sambal oelek,
du cari de différentes sortes, etc. Les fruits et légumes sont aussi très
diversifiés et coûtent à peu près la même chose qu’au Québec. Évidemment, si
vous êtes un fan de produits ultra transformés comme les plats cuisinés, les
pizzas congelées et ce genre de trucs, vous paierez plus cher. Le sirop
d’érable coûte environ le double, mais au moins il y en a. Donc si vous êtes du
genre à utiliser des produits de base pour cuisiner vous-mêmes vos plats, vous
ne verrez presque pas de
différence sur la facture, surtout que les taxes sont ridiculement peu
élevées au Yukon.
En espérant que
cette capsule vous aura familiarisé un peu plus avec la ville de Whitehorse, et
peut-être défait quelques mythes ;)
S.
j adore te lire ma belle Sophie , toujours tres interessant c est comme si je lisais une chronique dans le journal ,j ai toujours hate de voir qu est ce que tu as ecrit ,contente que vous vous acclimatez bien , meme que tu sembles adorer cela , parle nous un peu de ton emploi , je t embrasse fort et j aurais donc aime ca faire ce que tu fais , bravo encore .
RépondreSupprimerSalut ma puce! Ça donne le goût d'aller rester là-bas! Les gens ont l'air relax. Comme dit Manon, on a toujours hâte de lire la suite. C'est rassurant de constater que vous vous adaptez bien. Pour bien s'intégrer, il faut foncer et ne pas être gêné de s'informer et de se présenter où on a de l'intérêt (musique, sport, organisme...) ce que je n'ai pas fait le 2 mois que j'ai vécu à Montréal en 1980 (faut dire que j'avais un travail sur appel et que les pagets et cellulaires n'existaient pas...autre temps!) On a hâte de voir des photos (ex: des traîneaux à chiens dans ton Canadian Tire! HaHaHa!)
RépondreSupprimerChronique fort intéressante ! Merci !
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