vendredi 26 avril 2013

Whitehorse


Avec une population d’environ 25 000 habitants, Whitehorse est la capitale du Yukon. Sur ce 25 000, on dénombre quand même un bon 1200 citoyens dont la langue maternelle est le français, ce qui est une proportion suffisante pour y établir une école et une garderie francophones. La communauté francophone a même créé l’Association Franco-Yukonnaise (AFY) qui organise plusieurs activités pour ses membres, dont des cafés rencontres tous les vendredis, des ateliers/cours/conférences en français sur différents sujets, des sorties de plein air, etc. Sa mission officielle est « d’assurer, avec nos partenaires, la création et le développement de services, d'activités et d'institutions nécessaires au plein épanouissement et à la viabilité de la communauté franco-yukonnaise.» Il est donc possible à Whitehorse de continuer à vivre en français et que les enfants reçoivent une éducation francophone si désiré.

Les Premières Nations occupent quant à elles 16% de la population. On retrouve aussi un faible pourcentage de citoyens allemands, philippins et chinois, pour ne nommer que ceux-là.
Pour une « région éloignée », Whitehorse est donc étonnamment diversifiée au niveau démographique. Mon expérience des endroits ethniquement diversifiés m’a jusqu’à maintenant montré que plus différentes cultures se côtoient, plus on retrouve une ouverture d’esprit en général dans la population. À l’inverse, plus la population est homogène, plus on risque d’y retrouver le fameux syndrome du « c’est pas que j’suis raciste, (notez que lorsque quelqu’un commence une phrase par c’est pas que j’suis raciste mais, ça augure toujours très mal pour le reste de la phrase) et ça ne me dérange pas qu’ils pratiquent leurs « affaires » entre eux autres, en autant que ça soit pas chez nous. »  
Prenez par exemple Montréal, que certaines personnes – souvent des gens qui n’y ont pas habité -  vont qualifier de ville où le je-m’en-foutisme règne et où personne ne s’entraide. En tant que native d’une petite ville, je le croyais aussi avant d’y habiter. Puis, après y avoir vécu, j’ai conclu que je-m’en-foutisme devrait plutôt être vu comme une attitude de vivre et laisser vivre. C’est à dire que chacun vit sa vie comme il l’entend et que c’est correct comme ça, peu importe ta culture, ta religion, ta façon de t’habiller, tu vas toujours être le bienvenue à Montréal et les gens ne te jugeront pas. Cela n’empêche pas que les gens s’entraident, et c’est précisément cette nuance qu’il faut faire : le fait de vivre et laisser vivre n’empêche pas l’entraide. Les deux conditions peuvent coexister ! Pour vous donner quelques exemples, une fois j’étais en train de me stationner au centre-ville et un citoyen qui marchait sur le trottoir me fait des signes par la fenêtre pour me dire quelque chose ; je descend ma fenêtre et il me dit « je pense que vous n’avez pas le droit de vous stationner ici selon ces indications (me pointant la signalisation bordélique sur le poteau); juste pour vous éviter une amende… » ; effectivement il avait raison. Il ajoute « j’ai vu un stationnement un peu plus loin au coin de telle rue et telle rue, si vous voulez vous dépêcher ! » Une autre fois j’étais sur un feu rouge et l’homme dans la voiture à côté de moi me fait signe de baisser ma fenêtre « vous devriez vérifier la pression de votre pneu avant droit car je crois qu’il est en train de se dégonfler ». Je-m’en-foutisme à Montréal, vous disiez ?
Tout ce préambule pour dire que j’ai ressenti la même attitude d’ouverture à Whitehorse qu’à Montréal. C’est quelque chose qui se sent immédiatement lorsqu’on entre dans une ville. Les gens ne te regardent pas avec un « qui est cet étranger ?? » dans les yeux mais plutôt avec un « bienvenue chez nous ! », ce qui fait toute la différence comme nouvel arrivant. À la caisse de l’épicerie, la caissière va te jaser comme si tu faisais déjà partie de la place, et quand tu lui dis que tu es « newly arrived » elle va te souhaiter la bienvenue et s’intéresser à pourquoi tu viens t’installer ici, te rassurer en te disant que vas apprécier vivre à Whitehorse. Même chose avec le gars du bureau de poste, la fille des ressources humaines de ton nouvel emploi, la responsable du bureau des licences professionnelles, et ainsi de suite. Tu arrives dans ton nouvel appart, et la proprio t’a laissé un lys en pot, une bouteille de vin, une boîte de popcorn et une carte pour te souhaiter la bienvenue. Tu vas fouiner au centre d’arts de Whitehorse pour jeter un coup d’oeil aux installations, et tu rencontres une Québécoise avec qui tu discutes un peu et qui t’invite à souper chez elle après seulement 10 minutes de discussion. Tu marches sur le trottoir et tu rencontres quelqu’un qui marche en sens inverse, il va te faire un petit hochement de tête en guise de salut ou même te saluer directement. Tu traverses la rue au centre-ville, et le gars qui traverse en même temps que toi va te lancer un « It’s a cold day today !! ». C’est comme ça ici, les gens veulent que tu te sentes bien, ils veulent t’intégrer à leur communauté dès les premiers jours. Et autant tu te sens pris sous leur aile, autant tu ne te sens pas obligé de rien, tu te sens libre.
Un autre truc qui est hallucinant ici est la gratuité de nombreux trucs. Par exemple, les stationnements payants sont rares, sauf peut-être sur les principales « artères » du centre-ville où on retrouve quelques parcomètres (mais il est toujours très facile d’en trouver un gratuit à quelques minutes à pied). Nous sommes allés voir la migration des cygnes à Marsh Lake le weekend dernier. Cette journée-là, il y avait quelques 900 cygnes sur le lac. Il aurait été facile de mettre un coût d’accès à 10$ l’entrée (au pire 5$... juste pour dire) et de foutre un stationnement payant à côté du site, mais il n’en était rien. Gratos. Pourtant, il y avait des tentes à l’extérieurs avec des activités pour les enfants, des naturalistes sur place qui pouvaient nous informer sur la migration de ces cygnes, donc tout ça aurait pu être en quelque sorte « chargé ». Mais non. On s’est donc promené au soleil sur le bord du lac entouré de montagnes, à regarder les cygnes se baigner avec les jumelles qu’ils nous avaient prêtées à l’accueil.
Même chose pour les sentiers dans la forêt qui serpentent la ville avec différents accès – dont l’un d’eux est à 10 minutes à pied de chez moi – et qui ne coûtent absolument rien. On peut y faire de la raquette, du ski de fond, du vélo de montagne et de la randonnée pédestre sur plusieurs kilomètres ! Pour les amateurs de camping, on me disait qu’ici les Yukonnais campent un peu partout à des endroits improvisés et que c’est toléré pour autant que le site soit laissé propre, donc encore une fois, pas de frais. Tu peux aussi poser ton canot ou ton kayak sur n’importe quel lac ou rivière, gratos.
Toutes ces activités gratuites contribuent aussi à ce sentiment de liberté qu’on ressent ici.
Si on change de sujet et qu’on va du côté « accessibilité à certains produits » et « coût de la vie en général », j’ai été surprise de constater qu’à l’épicerie la plupart des trucs que j’achetais au Québec sont disponibles. Cela est peut-être dû à la diversité ethnique et c’est tant mieux, car j’ai retrouvé de la sauce à tacos de marque « Costena » (la meilleure c’est la verte !!!), du riz et des feuilles d’algues pour sushis, du sambal oelek, du cari de différentes sortes, etc. Les fruits et légumes sont aussi très diversifiés et coûtent à peu près la même chose qu’au Québec. Évidemment, si vous êtes un fan de produits ultra transformés comme les plats cuisinés, les pizzas congelées et ce genre de trucs, vous paierez plus cher. Le sirop d’érable coûte environ le double, mais au moins il y en a. Donc si vous êtes du genre à utiliser des produits de base pour cuisiner vous-mêmes vos plats, vous ne verrez presque pas de  différence sur la facture, surtout que les taxes sont ridiculement peu élevées au Yukon.
En espérant que cette capsule vous aura familiarisé un peu plus avec la ville de Whitehorse, et peut-être défait quelques mythes ;)
S.
  

3 commentaires:

  1. j adore te lire ma belle Sophie , toujours tres interessant c est comme si je lisais une chronique dans le journal ,j ai toujours hate de voir qu est ce que tu as ecrit ,contente que vous vous acclimatez bien , meme que tu sembles adorer cela , parle nous un peu de ton emploi , je t embrasse fort et j aurais donc aime ca faire ce que tu fais , bravo encore .

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  2. Salut ma puce! Ça donne le goût d'aller rester là-bas! Les gens ont l'air relax. Comme dit Manon, on a toujours hâte de lire la suite. C'est rassurant de constater que vous vous adaptez bien. Pour bien s'intégrer, il faut foncer et ne pas être gêné de s'informer et de se présenter où on a de l'intérêt (musique, sport, organisme...) ce que je n'ai pas fait le 2 mois que j'ai vécu à Montréal en 1980 (faut dire que j'avais un travail sur appel et que les pagets et cellulaires n'existaient pas...autre temps!) On a hâte de voir des photos (ex: des traîneaux à chiens dans ton Canadian Tire! HaHaHa!)

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  3. Chronique fort intéressante ! Merci !

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