samedi 27 avril 2013

Whitehorse en images

Voici un montage vidéo de quelques activités que nous avons faites depuis notre arrivée à Whitehorse.


1- Vous apercevrez en premier lieu une vue de Whitehorse à quelques minutes à pied de chez moi, vu du Yukon Arts Centre. C'est à partir de là que se prend l'un des sentiers pédestres que vous verrez tout de suite après.

2- Le sentier Trans Canada Trail que vous verrez se prend à seulement 10 minutes de marche de chez moi, ce qui peut se qualifier de très accessible! On peut y faire du vélo de montagne, de la randonnée pédestre, du ski de fond et de la raquette. Ces sentiers totalement gratuits sont très développés tout autour de la ville.

3- Par la suite, je vous transporte à Marsh Lake à 40 km de la ville où nous sommes allés admirer les cygnes qui font un stop chaque année sur ce lac lors de leur migration.

4- Enfin, vous aurez un aperçu de Miles Canyon (vidéos pris aujourd'hui) où coule la Yukon River et où les prospecteurs ont courageusement pagayé avec leurs radeaux lors de la ruée vers l'or à la fin des années 1800. À l'époque, le canyon représentait un obstacle considérable de par ses rapides dangereux. Aujourd'hui, les rapides ont disparu car un barrage hydroélectrique a été construit un peu plus loin, et donc le débit de l'eau dans le canyon s'en voit affecté. Bien que vous verrez des parois rocheuses d'une hauteur d'une dizaine de mètres aux abords de la Yukon River, il faut savoir que les parois font en réalité 110 mètres de hauteur (donc une centaine de mètres sous l'eau). Miles Canyon est un site vraiment exceptionnellement beau, et un réseau de sentiers a été aménagé pour les randonneurs, cyclistes de montagne, skieurs de fond, etc. L'accès aux sentiers est, encore une fois, totalement gratuit. À partir de Whitehorse, il ne suffit que de quelques kilomètres pour se rendre au site.

S.

vendredi 26 avril 2013

Whitehorse


Avec une population d’environ 25 000 habitants, Whitehorse est la capitale du Yukon. Sur ce 25 000, on dénombre quand même un bon 1200 citoyens dont la langue maternelle est le français, ce qui est une proportion suffisante pour y établir une école et une garderie francophones. La communauté francophone a même créé l’Association Franco-Yukonnaise (AFY) qui organise plusieurs activités pour ses membres, dont des cafés rencontres tous les vendredis, des ateliers/cours/conférences en français sur différents sujets, des sorties de plein air, etc. Sa mission officielle est « d’assurer, avec nos partenaires, la création et le développement de services, d'activités et d'institutions nécessaires au plein épanouissement et à la viabilité de la communauté franco-yukonnaise.» Il est donc possible à Whitehorse de continuer à vivre en français et que les enfants reçoivent une éducation francophone si désiré.

Les Premières Nations occupent quant à elles 16% de la population. On retrouve aussi un faible pourcentage de citoyens allemands, philippins et chinois, pour ne nommer que ceux-là.
Pour une « région éloignée », Whitehorse est donc étonnamment diversifiée au niveau démographique. Mon expérience des endroits ethniquement diversifiés m’a jusqu’à maintenant montré que plus différentes cultures se côtoient, plus on retrouve une ouverture d’esprit en général dans la population. À l’inverse, plus la population est homogène, plus on risque d’y retrouver le fameux syndrome du « c’est pas que j’suis raciste, (notez que lorsque quelqu’un commence une phrase par c’est pas que j’suis raciste mais, ça augure toujours très mal pour le reste de la phrase) et ça ne me dérange pas qu’ils pratiquent leurs « affaires » entre eux autres, en autant que ça soit pas chez nous. »  
Prenez par exemple Montréal, que certaines personnes – souvent des gens qui n’y ont pas habité -  vont qualifier de ville où le je-m’en-foutisme règne et où personne ne s’entraide. En tant que native d’une petite ville, je le croyais aussi avant d’y habiter. Puis, après y avoir vécu, j’ai conclu que je-m’en-foutisme devrait plutôt être vu comme une attitude de vivre et laisser vivre. C’est à dire que chacun vit sa vie comme il l’entend et que c’est correct comme ça, peu importe ta culture, ta religion, ta façon de t’habiller, tu vas toujours être le bienvenue à Montréal et les gens ne te jugeront pas. Cela n’empêche pas que les gens s’entraident, et c’est précisément cette nuance qu’il faut faire : le fait de vivre et laisser vivre n’empêche pas l’entraide. Les deux conditions peuvent coexister ! Pour vous donner quelques exemples, une fois j’étais en train de me stationner au centre-ville et un citoyen qui marchait sur le trottoir me fait des signes par la fenêtre pour me dire quelque chose ; je descend ma fenêtre et il me dit « je pense que vous n’avez pas le droit de vous stationner ici selon ces indications (me pointant la signalisation bordélique sur le poteau); juste pour vous éviter une amende… » ; effectivement il avait raison. Il ajoute « j’ai vu un stationnement un peu plus loin au coin de telle rue et telle rue, si vous voulez vous dépêcher ! » Une autre fois j’étais sur un feu rouge et l’homme dans la voiture à côté de moi me fait signe de baisser ma fenêtre « vous devriez vérifier la pression de votre pneu avant droit car je crois qu’il est en train de se dégonfler ». Je-m’en-foutisme à Montréal, vous disiez ?
Tout ce préambule pour dire que j’ai ressenti la même attitude d’ouverture à Whitehorse qu’à Montréal. C’est quelque chose qui se sent immédiatement lorsqu’on entre dans une ville. Les gens ne te regardent pas avec un « qui est cet étranger ?? » dans les yeux mais plutôt avec un « bienvenue chez nous ! », ce qui fait toute la différence comme nouvel arrivant. À la caisse de l’épicerie, la caissière va te jaser comme si tu faisais déjà partie de la place, et quand tu lui dis que tu es « newly arrived » elle va te souhaiter la bienvenue et s’intéresser à pourquoi tu viens t’installer ici, te rassurer en te disant que vas apprécier vivre à Whitehorse. Même chose avec le gars du bureau de poste, la fille des ressources humaines de ton nouvel emploi, la responsable du bureau des licences professionnelles, et ainsi de suite. Tu arrives dans ton nouvel appart, et la proprio t’a laissé un lys en pot, une bouteille de vin, une boîte de popcorn et une carte pour te souhaiter la bienvenue. Tu vas fouiner au centre d’arts de Whitehorse pour jeter un coup d’oeil aux installations, et tu rencontres une Québécoise avec qui tu discutes un peu et qui t’invite à souper chez elle après seulement 10 minutes de discussion. Tu marches sur le trottoir et tu rencontres quelqu’un qui marche en sens inverse, il va te faire un petit hochement de tête en guise de salut ou même te saluer directement. Tu traverses la rue au centre-ville, et le gars qui traverse en même temps que toi va te lancer un « It’s a cold day today !! ». C’est comme ça ici, les gens veulent que tu te sentes bien, ils veulent t’intégrer à leur communauté dès les premiers jours. Et autant tu te sens pris sous leur aile, autant tu ne te sens pas obligé de rien, tu te sens libre.
Un autre truc qui est hallucinant ici est la gratuité de nombreux trucs. Par exemple, les stationnements payants sont rares, sauf peut-être sur les principales « artères » du centre-ville où on retrouve quelques parcomètres (mais il est toujours très facile d’en trouver un gratuit à quelques minutes à pied). Nous sommes allés voir la migration des cygnes à Marsh Lake le weekend dernier. Cette journée-là, il y avait quelques 900 cygnes sur le lac. Il aurait été facile de mettre un coût d’accès à 10$ l’entrée (au pire 5$... juste pour dire) et de foutre un stationnement payant à côté du site, mais il n’en était rien. Gratos. Pourtant, il y avait des tentes à l’extérieurs avec des activités pour les enfants, des naturalistes sur place qui pouvaient nous informer sur la migration de ces cygnes, donc tout ça aurait pu être en quelque sorte « chargé ». Mais non. On s’est donc promené au soleil sur le bord du lac entouré de montagnes, à regarder les cygnes se baigner avec les jumelles qu’ils nous avaient prêtées à l’accueil.
Même chose pour les sentiers dans la forêt qui serpentent la ville avec différents accès – dont l’un d’eux est à 10 minutes à pied de chez moi – et qui ne coûtent absolument rien. On peut y faire de la raquette, du ski de fond, du vélo de montagne et de la randonnée pédestre sur plusieurs kilomètres ! Pour les amateurs de camping, on me disait qu’ici les Yukonnais campent un peu partout à des endroits improvisés et que c’est toléré pour autant que le site soit laissé propre, donc encore une fois, pas de frais. Tu peux aussi poser ton canot ou ton kayak sur n’importe quel lac ou rivière, gratos.
Toutes ces activités gratuites contribuent aussi à ce sentiment de liberté qu’on ressent ici.
Si on change de sujet et qu’on va du côté « accessibilité à certains produits » et « coût de la vie en général », j’ai été surprise de constater qu’à l’épicerie la plupart des trucs que j’achetais au Québec sont disponibles. Cela est peut-être dû à la diversité ethnique et c’est tant mieux, car j’ai retrouvé de la sauce à tacos de marque « Costena » (la meilleure c’est la verte !!!), du riz et des feuilles d’algues pour sushis, du sambal oelek, du cari de différentes sortes, etc. Les fruits et légumes sont aussi très diversifiés et coûtent à peu près la même chose qu’au Québec. Évidemment, si vous êtes un fan de produits ultra transformés comme les plats cuisinés, les pizzas congelées et ce genre de trucs, vous paierez plus cher. Le sirop d’érable coûte environ le double, mais au moins il y en a. Donc si vous êtes du genre à utiliser des produits de base pour cuisiner vous-mêmes vos plats, vous ne verrez presque pas de  différence sur la facture, surtout que les taxes sont ridiculement peu élevées au Yukon.
En espérant que cette capsule vous aura familiarisé un peu plus avec la ville de Whitehorse, et peut-être défait quelques mythes ;)
S.
  

vendredi 19 avril 2013

Le Nord


-->La Alaska Highway présente sans aucun doute les paysages les plus spectaculaires et grandioses que j’ai vus de ma vie. Pour vous donner une idée de leur puissance à attirer notre attention, j’ai même complètement arrêté de tricoter dans cette portion du voyage tellement nous étions en admiration devant l’immensité sauvage des montagnes du nord, qui soit dit en passant n’ont rien à envier aux Rocheuses du sud.
Et ça, c’est sans compter tous les animaux sauvages qu’on y a vus. La première fois que tu vois un panneau de signalisation jaune avec un symbole de bison et « 90 km » écrit en dessous, tu te dis qu’ils doivent exagérer afin que nous, pauvres touristes stupides qui ne connaissent pas la région, soyons plus vigilants dans les courbes et qu’on ralentisse un peu de façon générale. Puis, tu vois un gros tas de poils brun couché dans l’herbe au loin, et plus tu te rapproches, plus tu te dis que ça ne peut pas être autre chose qu’un bison avec sa grosse bosse dans le dos et ses cornes sur le crâne. BEIN OUI, c’est un BISON ! Et il n’est pas seul ! Il est accompagné de tous ses amis (peut-être une dizaine) qui broutent l’herbe autour. Et après tu penses « C’est exceptionnel ! Nous avons vu des bisons ! Quelle chance ! », et plus tu avances, moins tu attribues ça à de la chance, car des troupeaux de bisons, tu en vois vraiment sur 90 km (honte à moi d'avoir douté de toi, panneau de signalisation). Tu en vois qui marchent l’un derrière l’autre sur l’accotement, tu en vois qui sont couchés dans la neige, d’autres plus solitaires broutant sans amis sur le bord de la forêt. Moi qui suis une maniaque des animaux sauvages (je soupçonne même que ce soit rendu au stade pathologique), je ne tenais plus en place, hallucinant des bêtes à chaque tournant, qu’elles soient présentes ou non. J’ai aussi dû ralentir une fois pour laisser traverser un lynx du Canada... depuis que j’ai mon permis de conduire, je pense que c’est la première fois que je ralentis pour cette raison.
Bon on va lâcher les bisons et revenir au Yukon en soit.
Quand nous avons passé le panneau « Welcome to the Yukon », je ne voyais soudainement plus les choses de la même façon. Comme si de « touriste », j’étais passée à un autre état, l’état de « citoyenne », avec tout le sentiment d’appartenance que ça implique. Tout ce que je voyais m’épatait encore plus, par le seul fait que ce serait désormais mon environnement immédiat. Que je pouvais me dire « on reviendra ici cet été en camping », ou « on viendra faire du canot sur ce lac une journée ». Car même à 250 km de Whitehorse – je vous rappelle que c’est la distance Québec/Montréal – on était encore à serpenter à travers les montagnes aux sommets blancs avec des points de vue sensationnels, et plus on se rapprochait de la ville, plus on se disait « voyons don… on va avoir accès à ces montagnes aussi près de chez nous??? » ; et à un certain point tu réalises que non seulement tu vas pouvoir conduire jusque là, mais tu pourrais aussi prendre ton vélo et aller jusque là (avec quelques mois d’entraînement…)
En même temps, j’ai ressenti un extrême bien-être. Une fierté d’être partie et d’avoir choisi ce territoire pour m’installer, ce territoire qui me surprenait encore malgré toutes les photos et la documentation que j’avais pu consulter dans la dernière année à ce sujet. Je me sentais déjà chez-moi, dans l’immensité de ce territoire sauvage et libre.
Je pense que c’est à partir de Fort St John au nord de la Colombie-Britannique que nous avons commencé à ressentir « l’esprit du nord ». Je m’explique.
Tu arrives au Subway de Fort St John à 3h de l’après-midi, et tu cherches désespérément une connexion internet pour savoir s’il y a des motels à Watson Lake, le prochain village, soit 550 km plus loin ( !). Cette information est cruciale pour toi, car si la réponse est positive, ça te permettrait de « clancher » ce 550 km dès aujourd’hui, dormir à Watson Lake, et arriver plus tôt le lendemain à Whitehorse, ce qui n'était pas le plan initial. Tu souhaites donc que la madame du Subway te dise qu’il y a une connexion Wifi. En bon citadin de grande ville, quelle question poseras-tu à la madame du Subway? Évidemment, tu poseras la question :
« Is there a wifi connexion here ? »
et tu auras la réponse que tu t’attendais et qui ne fait pas ton affaire :
 « No, unfortunately we don’t. »
Malheureusement, tu as posé la mauvaise question, alors c’est pour ça que tu es encore pogné tout seul avec ton problème. Tu as fait l’erreur d’envisager une seule façon d’obtenir l’information, et de poser la question spécifique qui te mènerait à ce moyen. Il faut donc changer de stratégie :
- We would like to know if there are some hotels in Watson Lake ? »
Et tu obtiendras ceci:
- Sure there are ! Hey John (s’adressant au client qui attendait derrière nous) ! They want to know if there are some hotels in Watson Lake. (puis se retournant vers nous) John is from Watson Lake so he might better know. »
John : - Yes sure, you will find easily at this period of the year. You can go to Big Horn Hotel. It is clean and the beds are comfortables, and that’s what you want ! »

On a donc abouti au Big Horn Hotel de John, qui était effectivement propre et confortable, même si les animaux étaient permis dans les chambres (lire odeur de Febreeze en sus). Merci John.
Ici, il faut donc penser que tout le monde se connaît et que tout le monde est prêt à t’aider, mais il faut seulement s’ouvrir aux gens et leur dire vraiment ce qu’on cherche. Les gens du nord sont extrêmement accueillants, te demandant d’où tu viens, s’intéressant à ce que tu viens faire au Yukon et te souhaitant toujours bonne route et « drive safely ». Moi, les seules personnes jusqu’à maintenant qui m’ont dit d’être prudente sur la route, ce sont ma mère et ma belle-mère. Jamais un employé de dépanneur m’a lancé ça après que j’aie payé mon essence. Cette attitude conviviale des gens d’ici  m’a rapidement charmée.
Attendez, tout n’est pas que rose ! Pour la personne sensibilisée à l’environnement que je suis, voir des gens démarrer leur camion 15 minutes avant d’entrer dedans (quand il fait seulement -10, alors SVP ne m’amenez pas l’argument de « c’est mieux pour la mécanique de réchauffer l’huile avant de partir »), et bien ça fait mal. Et c’est une pratique assez répandue et acceptée ici, alors il faudra s’habituer. J’ai envie de commencer de la sensibilisation en mettant un collant « Je coupe le moteur quand je ne roule pas » (il doit bien y avoir une version anglaise…) mais je ne sais pas à quel point je serais bien reçue. À Whitehorse, il y a beaucoup de commerces qui offrent des branchements électriques pour chaque stationnement afin qu’on puisse brancher le chauffe-moteur et pouvoir repartir après sans soucis quand il fait -35, ce qui évite de laisser ta voiture fonctionner pendant que tu es au bureau de poste ( !). Malheureusement, ce n’est pas tous les commerces qui en ont, donc peut-être qu’un jour, j’irai à l’épicerie et mon moteur tournera pendant 40 minutes alors qu’il n’y a personne dedans. ARK !
Dernière anecdote pour terminer mon point de « l’esprit du nord » ; en arrivant à Whitehorse notre voiture mourrait d’envie de se faire laver après ses 6618 km à se prendre des saloperies dans la gueule. Par chance, personne n’a écrit « Lavez-moi » sur la vitre arrière alors qu’on était absents, car si ça avait été le cas, j'aurais pu écrire dans cette chronique "c’était tellement drôle la fois où un individu inconnu a personnifié notre voiture en écrivant lavez-moi dans la vitre arrière ! Ha Ha Ha ce qu’on a ri cette fois-là !"
Bon oui alors nous avons trouvé un lave-auto non-automatique, c’est-à-dire que c’est toi qui doit le laver toi-même. À notre arrivée, il n’y avait qu’une Corolla devant nous, alors on s’est dit cool ce ne sera pas trop long avant de passer (encore le citadin de grande ville qui veut optimiser son temps). La personne dans la Corolla était une petite dame âgée d’environ 70 ans qui était on ne peut plus méticuleuse sur le lavage de sa voiture. Le fait que nous soyons 4 voitures à attendre derrière ne semblait pas être une variable qui influençait son comportement de toute évidence, car elle a même pris le temps de SÉCHER sa voiture avec une petite serviette, repassant à 2 reprises pour s’assurer que tout était bien sec. Les deux seules personnes à faire des aller-retour de leur voiture à la vitre de la porte à toutes les deux minutes pour voir si la madame achevait son nettoyage méticuleux, c’étaient nous. Les autre personnes derrière nous ? Bein relaxes, assises dans leurs camions (car ici les gens ont des camions ou des VUS, très peu ont des voitures), écoutant la radio ou simplement attendant patiemment, le moteur allumé biensûr ( :P) Avec un regard extérieur sur la situation, je me dis après coup que nous avons peut-être paru très impolis d’aller se pointer la face dans la vitre de la porte 5-6 fois afin de bien montrer notre impatience à cette pauvre dame. Après tout, on était dimanche, il n’y avait pas le feu, il faisait beau dehors, et on aurait pu simplement relaxer, nous aussi (mais avec le moteur coupé). Le citadin devra se calmer.
Encore une fois, je m’aperçois que cette chronique est beaucoup trop longue que ce que j’avais planifié au départ, et j’espère ne pas vous avoir perdu au passage. Si oui, et bien ce sera comme la sélection naturelle, les meilleurs resteront jusqu’à la fin :P Hahaha ! Désolée pour cet humour noir, il était trop facile.
S. 

P.S: Je vous laisse avec ces montage vidéo que j'ai enfin terminés! Le premier étant la route Qc-Whitehorse, le 2e un spécial animaux :)


mercredi 17 avril 2013

Traverser le Canada en 3 étapes faciles


Traverser le Canada peut sommairement se diviser en 3 étapes faciles:
1-    L’Ontario
Avant de partir, tout le monde te dit que l’Ontario c’est long et c’est plate, que c’est des arbres, des lacs, des arbres, des lacs, des arbres… (je pense qu’après 3 répétitions votre cerveau a compris le principe…)
Toi, en fin fino que tu es, tu regardes sur Google Maps et tu te dis que c’est toujours bien juste 1 province sur la gang, et que ça doit se faire bien, que le monde est chiâleux en général et que toi tu te considères capable d’en prendre. Somme toute, tu ne les crois pas vraiment, ces gens qui affirment de telles choses.
Eh bien je vais vous dire une affaire : les gens, ils ont beau être chiâleux, ils ont malheureusement raison !!! L’Ontario, ça n’a l’air de rien sur la carte, mais c’est quand même un bon 2000 kilomètres de « viraillage » à contourner les Grands Lacs. Et sur ce 2000 kilomètres, il y a le Lac Supérieur d’une immensité sublime et qui offre tout de même – donnons à Catherine-Anne ce qui revient à Catherine-Anne (variante moderne de « donnons à Pierre ce qui revient à Pierre ») – de très beaux points de vue. Toutefois, on va se le dire, les fois où tu as un beau point de vue sur le Lac Supérieur représentent seulement une infime fraction de la totalité de la route à parcourir dans cette province. Le reste, ce sont des lacs, des arbres, des la… j’imagine que vous avez vous-même récité mentalement la suite de grâce à l’empreinte que j’ai laissée dans votre mémoire à moyen terme au premier paragraphe. Fort le cerveau humain non ?  
À la lumière de ces informations, je dois peut-être rectifier ici le titre de cette chronique, surtout parce que d’aucun pourrait accrocher sur le mot « faciles » et sur un ton de reproche me lancer (et attention ici il faut le dire avec un ton à la Jean-Thomas Jobin) :
« Tu dis que ce sont des étapes « faciles », mais à lire ton premier paragraphe, on ne dirait pas que c’est le cas! »
À ces gens, je répondrais : ouin pis ? 
2-    Les Prairies
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les Prairies ne sont pas longues et plates. Enfin, elles le sont au sens propre bien évidemment, mais avouez que c’est quand même exotique de pouvoir dire que la limite à ne pas voir plus loin n’a d’égal que la limite de votre capacité visuelle! Habituellement, si on ne voit pas plus loin lorsqu’on regarde un paysage donné, c’est parce qu’il y a des arbres qui te cachent, une colline qui monte, un flanc de falaise qui te bloque, peu importe… Mais dans les Prairies, tu n’as RIEN pour bloquer ta vision. Tout est accessible à ta rétine, mais c’est ta rétine qui dit « bon ça va faire à un moment donné… » et qui décroche.
Bon maintenant il faut dire que les Prairies avaient joué au poker avec l’Ontario juste avant qu’on parte. Au centre de la table, il y avait du soleil et un ciel bleu azur en jeu. L’Ontario avait quand même une paire d’as mais les Prairies avaient un triple de 4; l’Ontario est repartie avec ses nuages gris et sa pluie intermittente. L’appréciation qu’on a d’une ville ou d’une région en voyage est malheureusement souvent très influencée par les conditions climatiques; alors l’Ontario, je sais que t’as perdu au poker, et j’veux pas tourner le fer dans la plaie, mais t’as manqué ton unique chance de nous épater. À l’opposé, les Prairies, comme pour te rappeler ta douloureuse défaite, nous ont offert deux magnifiques lever de soleil dans un ciel clair. Meilleure chance la prochaine fois l’Ontario.
3-    Les Rocheuses
Je ne surprendrai personne en disant que les Rocheuses sont un des must au Canada. Quand nous sommes arrivés près de Banff, c’était plutôt brouillardeux (si ce mot n’existe pas, permettez-moi de l’inventer juste pour cette chronique…). Donc si la plupart des gens peuvent commencer à apercevoir les Rocheuses à partir de Calgary, ce ne fut pas notre cas. Elles se sont faites attendre jusqu’au dernier moment, les petites vlimeuses, mais quand on les a enfin vues, WOWWW!!! Quelle immensité grandiose et sublime !!! Leurs petits toits enneigés, leurs crêtes acérées, et la route qui serpente à travers elles, chaque tournant laissant place à d’autres découvertes ! En apercevant les Rocheuses, j’ai compris pourquoi l’image de la montagne était si souvent utilisée en méditation. Se sentir comme une montagne. Se sentir fort, se sentir indéplaçable, au-dessus de tout, stable, calme, en contrôle. La prochaine fois que je méditerai, je serai une Rocheuse.

Pour le reste, je n’ai pas envie de vous faire la chronologie des évènements de notre traversée du Canada, car je ne trouve pas que c’est une façon intéressante de présenter les choses, ou en tout cas si cette façon existe, je ne l’ai pas trouvée. Je pourrais vous dire que nous avons passé un séjour extraordinaire à Neepawa au Manitoba et que nous y avons été accueillis comme des rois chez la famille de mon amoureux, qu’on a dormi à tel endroit tel soir, et tel autre endroit tel autre soir, et vous raconter de délicieuses anecdotes du type « c’était don bien drôle la fois où on a mis du gaz à 1,09 et qu’on se demandait si c’était une erreur dans le prix !! Ha ha ha ce qu’on a ri cette fois là !» (je vous rassure tout de suite que cette anecdote est purement fictive…)
Mais plutôt que de vous faire subir cette torture, je vais plutôt continuer à trier le contenu de notre caméra et faire un montage vidéo qui résumera très bien en quelques minutes ce que nous avons vu et vécu (remarquez que je n’ai pas employé l’expression « mais comme une image vaut mille mots » pour débuter cette phrase, car j’essaie d’éviter les phrases clichées au plus haut point ; et si je fais une parenthèse pour vous souligner ceci, c’est qu’en quelque sorte je m’attend à recevoir une certaine reconnaissance de votre part du fait que je me préoccupe de ne pas torturer votre cerveau avec ces expressions clichées. Merci de votre reconnaissance.) Donc lorsque le montage vidéo sera fin prêt, il me fera plaisir de vous le partager sur ce blog.
Pour terminer, j’ai le goût de revenir sur ma définition de la traversée du Canada, car je m’aperçois que je n’ai pas inclus notre montée vers le Nord dans mes 3 étapes faciles. Peut-être qu’intrinsèquement, ma définition de la traversée du Canada correspond à une traversée d’Est en Ouest, et donc j’ai exclu automatiquement la partie de Grande Cache (nord de l’Alberta) vers Whitehorse. Ça devait être ça mon raisonnement oui. Ou alors, hypothèse 2, j’ai envie de terminer cette chronique maintenant, car j’ai peur que vous vous découragiez si j’ajoute encore du texte. Ou alors, hypothèse 3, je trouve que le Nord, ça entre dans une catégorie totalement à part, donc je ferai une chronique spécialement pour ça, incluant notre arrivée à Whitehorse. Je pense que c’est plutôt cette dernière hypothèse qui est la bonne. Quoi que ça pourrait aussi être plusieurs hypothèses qui sont bonnes en même temps, ou aucune d’entre elles. Vous savez comme ces questions qu’on aimait tant à l’école :
A)   1 et 3 sont exacts
B)   2 et 3 sont exacts
C)   1, 2 et 3 sont exacts
D)   Seulement 3 est exact
E)    Aucun de ces énoncés n’est exact
Je termine cette chronique sur cette note pertinente et vous remercie de vous être rendu(e) jusqu’à la fin! À venir dans la prochaine chronique : Alaska Highway et arrivée au Yukon !
@+ 
S.
P.S : Merci à tous ceux qui ont écrit des commentaires suite à ma première chronique. Je vous lis tous avec grand intérêt !!



mercredi 10 avril 2013

Passer le coin de la rue

"The most difficult part of the trip is to make the turn at the end of your street." 

Confortablement assis dans son fauteuil de sa petite maison de Neepawa au Manitoba, l'oncle Sidney citait ces mots lentement, avec l'émotion dans la voix, en se remémorant ses nombreux départs vers des contrées inconnues. Grand aventurier amoureux des voyages, il avait lui-même fait le saut vers le Nord du Québec il y a 50 ans, et la seule évocation des souvenirs s'y rattachant le laissait sans voix pendant quelques secondes, le temps de reprendre le contrôle de ses émotions. Il faut dire que c'est ce Nord qui lui avait fait rencontrer la femme de sa vie, à qui il avait fait construire un teepee amérindien sur une île pour son voyage de noce, ce qui est plutôt exotique avouez-le.

Nous accueillant à mi-chemin de notre parcours de Québec à Whitehorse, c'est dans un mélange de nostalgie et d'enthousiasme qu'il avouait que c'était un honneur pour lui de recevoir des gens qui faisaient le grand saut vers le Nord, tout comme lui auparavant.

En voyant à quel point notre projet l'enthousiasmait, j'ai réalisé que je m'apprêtais à vivre une aventure qui allait probablement faire sa marque dans mon histoire.

La dernière fois que je suis allée à La Tuque et que j'ai quitté l'entrée de la maison de mon enfance sans savoir quand j'y retournerais, j'ai pleuré jusqu'au Lac-à-Beauce. Après j'ai mis "Help" des Beatles et ça a passé.

Les départs c'est toujours triste de toute façon, qu'il soit motivé par une bonne ou une mauvais raison. La tristesse ressentie au départ n'est donc pas un bon indicateur pour valider son choix de partir, car c'est une constante, comme le R dans PV=nRT (j'ai toujours rêvé de plugger l'équation des gaz parfaits sur un blog; voilà c'est fait).

Depuis que j'ai gradué, j'ai eu 6 dîners de départ avec des équipes de travail géniales, et à chaque fois lors de ces dîners j'avais la pensée temporaire qu'il fallait bien être folle pour quitter ces collègues si sensationnels avec qui je me sentais tellement bien, et un noeud se serrait dans ma gorge en pensant qu'il était possible que je ne retrouve pas la même complicité avec la prochaine équipe. Pourquoi quitter quand nous sommes confortables dans une situation donnée?

Et la réponse arrivait toujours aussi vite que la question: pour sortir de la zone de confort et grandir un peu plus chaque fois. Et à chaque changement, je découvrais encore des équipes de travail sensationnelles et des collègues merveilleux qui m'apprenaient de nouvelles choses et me montraient de nouvelles façons de voir la vie, devenant une meilleure clinicienne et une meilleure personne à la fois.

Donc finalement, la peur de changer par crainte de ne jamais retrouver ce qu'on a est rarement justifiée. Mais pour le savoir, you have to make the turn at the end of your street. Tant que tu le passeras pas, le fameux coin de rue, tu ne sauras jamais ce qu'il y avait au-delà et si ça valait la peine d'y aller.

Bon dans mon cas le coin de la rue s'est étiré jusqu'au Lac-à-Beauce; je réajusterais donc la citation de l'oncle Sidney en ajoutant un écart-type d'une distance La Tuque/Lac-à-Beauce; ça donnerait
"The most difficult part of the trip is to make the turn at the end of your street (with a standard deviation of +/- the distance from La Tuque to Lac-à-Beauce)". 
Bon maintenant il faut décider si on veut être poétique ou maintenir une rigueur dans la précision de l'affirmation. Je vous laisse donc choisir la citation qui vous plaît le plus. Malheureusement, à l'opposé des livres dont vous êtes le héro, je n'ai pas une fin de chronique différente selon le choix de citation que vous faites. Je suis plate de même, désolée!!

Une autre citation qui m'a marquée est celle du réalisateur Bernard Émond, qui a aussi vécu la nordicité, et qui disait qu'il y avait la vie avant le Nord, et la vie après le Nord.

Nous quittons le Québec pour vivre ailleurs, oui c'est vrai. Nous aurons une plaque d'immatriculation et un permis de conduire différents, et notre carte soleil sera remplacée par une autre carte d'un autre gouvernement. Nous ne serons plus sur la liste électorale du Québec et nous ne parlerons plus français au quotidien. Le dimanche soir, nous n'écouterons pas Tout le monde en parle et le 24 juin nous n'assisterons pas aux feux d'artifice de la St-Jean. Nous ne mangerons plus de tire d'érable au printemps ni de tourtière à Noël.

Nous quittons le Québec pour vivre ailleurs, oui c'est vrai. Mais ce n'est pas n'importe quel "ailleurs". C'est un ailleurs qui nous métamorphosera complètement de par une mentalité et un mode de vie complètement différents. À quel point? Cela reste à voir.

Peut-être que dans quelques années, nous comprendrons parfaitement ce que Bernard Émond voulait dire.

Mais pour ça, il fallait passer le coin de la rue.

S.