Après 3 ans et demi au Yukon
« Ah bein r’garde don la grand’
visite ! » que vous vous dites aujourd’hui en apercevant un nouveau
billet sur mon blog.
Ça fait vraiment longtemps que je ne vous ai pas donné de
nouvelles. J’étais sûrement tombée aux oubliettes dans votre tête. « Elle
est sûrement revenue au Québec » que vous vous êtes dit. Ou peut-être que
vous ne vous disiez rien du tout, en fait. La vie continue, après tout. De
toute façon, les blogs, c’est même plus à la mode. Tout le monde sait ça.
Heh bien me voici donc. Trois ans et demi après
être déménagée au Yukon, j’y suis toujours. Plus que jamais.
C’est drôle, je relisais mon billet
« Après 6 mois au Yukon », et je riais de voir à quel point les
aspects de la vie yukonnaise que j’y traitais sont rendus tellement
intrinsèques et communs pour moi. Tellement que je ne reconnais plus leur côté exotique.
Et vous de penser « Bon il va falloir que j’aille relire ce billet-là pour
comprendre ce qu’elle veut dire, c’est un peu chiant. » Bien c’est ça la
vie, qu’est-ce que vous voulez. Des fois il faut travailler, et on ne peut pas
avoir les choses toutes mâchées tout le temps (sur un ton de parent qui parle à
son enfant de 5 ans). Bon me revoilà sarcastique – ça revient vite ces petites
bêtes-là !
Mais là, ça fait deux paragraphes que vous
lisez, et vous vous dites « Get to the point » ou en français
« Accouche ! ». Peut-être que vous aurez à vous ajuster au Yukon Time un peu. Relaxez, grande
respiration. Inspirez la paix, expirez la tension.
Qu’advient-t-il de moi, après 3 ans et demi au
Yukon? Savez-vous quoi, j’ai le goût de faire une liste. Voir le billet
« Après 6 mois au Yukon » concernant les avantages de faire une liste
dans une chronique (voyez-vous, vous vous en sortirez pas… vous aurez à le lire,
le maudit billet, un jour ou l’autre…)
Alors on y va…
- Je suis maintenant complètement bilingue. Le
secret ? Travailler en anglais et…. Tomber en amour en anglais!
- Après 2 ans à travailler pour le gouvârnement,
j’ai démarré mon entreprise et décidé de quitter la bureaucratie pour
embrasser l’autonomie, même si c’était risqué. Vous ne pouvez même pas imaginer
à quel point je me sens libre!! Et le meilleur de cette histoire, c’est que les
affaires vont bien ! Ma bonne vieille philosophie de quitter la zone de
confort pour pouvoir évoluer un peu plus qui revient – pour ceux qui ont lu les
autres billets, vous allez me reconnaître.
- Cette autonomie que m’a procurée la pratique
privée m’a permis de développer mes talents artistiques, parce que maintenant
bin… j’ai beaucoup plus de temps libre car je travaille à temps partiel, comme
la plupart des gens au Yukon. « Live first, work after », qu’ils
disent.
Figurez-vous donc que… je suis rendue une artiSS!!! Le Yukon a une
scène artistique hyper développée et dynamique, et il faut croire que je me
suis laissée entrainer. Comme auteure-compositrice-interprète, j’ai maintenant
un démo professionnel à mon actif, j’ai remporté deux concours de musique
francophones dans l’Ouest du Canada, je ferai l’ouverture du spectacle de
Phlippe Brach en décembre, et… je participerai au Festival de Granby l’an
prochain !! Ça roule, ça roule ! Un rêve qui devient réalité !
- Les bottes d’eau et les manteaux patchés
avec du duck tape, c’est ma tenue de tous les jours et je m’en fous pas mal
même quand je suis en ville, comme bien du monde ici. Ah, et je n’achète plus de
linge neuf – vive les échanges de vêtements entre amies et les
friperies!
- J’ai réalisé que ne pas se laver à tous les
jours, c’est pas la fin du monde. Même que c’est bon pour la peau – vous
essayerez ça.
- Quand j’ai besoin de quelque chose, j’essaie
toujours de trouver seconde main en premier. Et de toute façon, dans le Nord,
c’est comme ça qu’on survit. Acheter tout en ligne et payer des frais de
livraison astronomiques, ça revient cher à la longue. Vive le Whitehorse
Buy and Sell et Kijiji ! Tellement plus économique pour la
même qualité, et en plus c’est beaucoup mieux pour la planète que d’encourager
la consommation de biens neufs qui se retrouveront un jour ou l’autre dans les
vidanges.
- C’est pas du vrai camping si ce n’est pas du
camping sauvage. De un c’est bien plus beau, de deux ça coûte
zéro pis une barre, et de trois tu as pas besoin de réserver. Qui a besoin
d’une douche pis de l’eau potable quand t’as un lac pis un filtreur?
- Je sors maintenant avec un Yukonnais pure
laine, un vrai de vrai qui m’a fait découvrir les aspects moins touristiques du
Yukon. Je lui dois tellement, avec toutes les choses qu’il m’a apprises (i.e. 50%
des éléments énumérées au dernier point de cette liste!) et les endroits
incroyables qu’il m’a fait découvrir !
Vélo de montagne à Grey Mountain |
- Avec mon copain, j’habite présentement dans
une tente prospecteur en dehors de la ville, à 40 km au sud de Whitehorse.
Notre mission : entraîner les chiens de son père afin de passer 3 mois
dans le fond des bois cet hiver, à 50 km de la route, et s’y rendre en traîneau
à chien. L’expérience yukonnaise ultime ! Ne vous inquiétez pas, je lance
ça de même, mais plus de détails viendront dans les prochaines chroniques…
- Les grizzlis et les ours noirs, ça fait
partie du paysage, et c’est pas plus grave que ça. Si tu fais du bruit, tu
tiens ton campement propre et tu fais pas le con, « everything is gonna be
alright » comme Bob disait. Quand je travaillais à l’hôpital, je recevais des
courriels de la direction concernant des ours aperçus autour de l’hôpital dans
les sentiers – bin oui, ça fait partie du genre de courriel que tu peux recevoir
quand tu travailles au Yukon!
- J’ai joué au « Radio Bingo »,
posez pas de questions, il n’y a pas de réponse.
- Je sais pas ce que j’avais contre Air North
dans le billet « Après 6 mois au Yukon » (et là vous vous dites
« c’est beau on a compris, lâche le morceau, on va le lire ton maudit
billet ». Wow, wow, pas besoin de vous fâcher…), mais Air North c’est la
compagnie aérienne la plus dédiée au service à la clientèle que j’ai jamais
rencontrée, c’est juste incomparable!! Deux bagages inclus en soute sans
frais, un repas gratuit, un biscuit servi chaud en dessert, et un service
impeccable. Qui a besoin de l’écran de TV avec les jeux pis les bébelles
anyway ? Moi je suis vendue ! En plus, ils vont à Ottawa en vol
direct (bah, juste un petit arrêt de 45 min à Yellowknife, ça se prend
bien.)
- L’été, je peux compter sur les doigts de ma
main les fins de semaine que je reste à la maison. Toujours dehors, toujours en
camping.
- Mon char, je peux aussi l’appeler
« entrepôt d’équipement de plein air ». Pis je suis pas la seule.
- Mes amis, ce sont tous des gens comme moi
qui sont des fans de plein air. Alors c’est pas difficile de trouver du monde
pour faire des activités autres que « faire des soupers » et
« aller marcher en ville » ou « aller prendre une bière ou un
café » (pas de jugement là ! Chacun son genre !)
- Depuis que je suis ici, j’ai appris à…:
reculer un 4 roues avec un trailer, utiliser une scie mécanique, fendre du bois
à la hache (mais aucunement efficace pour l’instant), pêcher du poisson et
toutes les étapes avant de l’avoir dans l’assiette (le tuer, enlever les
organes, faire les filets, l’apprêter, le faire cuire), tirer de la 22 sur une
cible, changer mes pneus d’auto toute seule, faire un jardin et récolter des
légumes, attacher mon canot sur le toit de mon auto sans aide, diriger un canot
sur une rivière, mettre les harnais et attacher les chiens sur le traîneau ou
le quatre roues, diriger les chiens de traîneau et les faire courir par
moi-même, faire du pain maison à partir de « sourdough », assurer un
grimpeur en escalade « top rope » (vraiment très débutant on
s’entend), sécurité en terrain avalancheux et tous les tests/observations en
montagne qui s’y rapportent, et je pourrais continuer comme ça pendant un bout.
Voilà. C’est tout pour le moment. Je vous
reviens avec les détails de l’histoire de la tente prospecteur, du traîneau à
chien pis de notre projet de cet hiver dans le bois. Je sais, ça faisait un peu précipité
de même là… Mais là, vouliez-vous une liste exhaustive ou une liste à peu
près ?? Non sérieusement, je vous donne plus de détails dans les
prochaines chroniques, ça vaut la peine. Je voulais juste vous allécher un peu
là, un p’tit « tease » comme on dit.
Allez, c’était bon de vous rejaser, mine de
rien.
Les blogs c’est peut-être démodé mais c’est tout autant thérapeutique.
On
reprend ça bientôt, je vous promets que la prochaine chronique ne s’appellera
pas « Après 6 ans au Yukon » ;)
S.