vendredi 18 novembre 2016

Après 3 ans et demi au Yukon


Après 3 ans et demi au Yukon

« Ah bein r’garde don la grand’ visite ! » que vous vous dites aujourd’hui en apercevant un nouveau billet sur mon blog. 

Ça fait vraiment longtemps que je ne vous ai pas donné de nouvelles. J’étais sûrement tombée aux oubliettes dans votre tête. « Elle est sûrement revenue au Québec » que vous vous êtes dit. Ou peut-être que vous ne vous disiez rien du tout, en fait. La vie continue, après tout. De toute façon, les blogs, c’est même plus à la mode. Tout le monde sait ça.

Heh bien me voici donc. Trois ans et demi après être déménagée au Yukon, j’y suis toujours. Plus que jamais.

C’est drôle, je relisais mon billet « Après 6 mois au Yukon », et je riais de voir à quel point les aspects de la vie yukonnaise que j’y traitais sont rendus tellement intrinsèques et communs pour moi. Tellement que je ne reconnais plus leur côté exotique. Et vous de penser « Bon il va falloir que j’aille relire ce billet-là pour comprendre ce qu’elle veut dire, c’est un peu chiant. » Bien c’est ça la vie, qu’est-ce que vous voulez. Des fois il faut travailler, et on ne peut pas avoir les choses toutes mâchées tout le temps (sur un ton de parent qui parle à son enfant de 5 ans). Bon me revoilà sarcastique – ça revient vite ces petites bêtes-là !

Mais là, ça fait deux paragraphes que vous lisez, et vous vous dites « Get to the point » ou en français « Accouche ! ». Peut-être que vous aurez à vous ajuster au Yukon Time un peu. Relaxez, grande respiration. Inspirez la paix, expirez la tension.

Qu’advient-t-il de moi, après 3 ans et demi au Yukon? Savez-vous quoi, j’ai le goût de faire une liste. Voir le billet « Après 6 mois au Yukon » concernant les avantages de faire une liste dans une chronique (voyez-vous, vous vous en sortirez pas… vous aurez à le lire, le maudit billet, un jour ou l’autre…)

Alors on y va…

- Je suis maintenant complètement bilingue. Le secret ? Travailler en anglais et…. Tomber en amour en anglais!

- Après 2 ans à travailler pour le gouvârnement, j’ai démarré mon entreprise et décidé de quitter la bureaucratie pour embrasser l’autonomie, même si c’était risqué. Vous ne pouvez même pas imaginer à quel point je me sens libre!! Et le meilleur de cette histoire, c’est que les affaires vont bien ! Ma bonne vieille philosophie de quitter la zone de confort pour pouvoir évoluer un peu plus qui revient – pour ceux qui ont lu les autres billets, vous allez me reconnaître.

- Cette autonomie que m’a procurée la pratique privée m’a permis de développer mes talents artistiques, parce que maintenant bin… j’ai beaucoup plus de temps libre car je travaille à temps partiel, comme la plupart des gens au Yukon. « Live first, work after », qu’ils disent. 
Figurez-vous donc que… je suis rendue une artiSS!!! Le Yukon a une scène artistique hyper développée et dynamique, et il faut croire que je me suis laissée entrainer. Comme auteure-compositrice-interprète, j’ai maintenant un démo professionnel à mon actif, j’ai remporté deux concours de musique francophones dans l’Ouest du Canada, je ferai l’ouverture du spectacle de Phlippe Brach en décembre, et… je participerai au Festival de Granby l’an prochain !! Ça roule, ça roule ! Un rêve qui devient réalité !
- Les bottes d’eau et les manteaux patchés avec du duck tape, c’est ma tenue de tous les jours et je m’en fous pas mal même quand je suis en ville, comme bien du monde ici. Ah, et je n’achète plus de linge neuf – vive les échanges de vêtements entre amies et les friperies! 

- J’ai réalisé que ne pas se laver à tous les jours, c’est pas la fin du monde. Même que c’est bon pour la peau – vous essayerez ça.

- Quand j’ai besoin de quelque chose, j’essaie toujours de trouver seconde main en premier. Et de toute façon, dans le Nord, c’est comme ça qu’on survit. Acheter tout en ligne et payer des frais de livraison astronomiques, ça revient cher à la longue. Vive le Whitehorse Buy and Sell  et Kijiji ! Tellement plus économique pour la même qualité, et en plus c’est beaucoup mieux pour la planète que d’encourager la consommation de biens neufs qui se retrouveront un jour ou l’autre dans les vidanges.

- C’est pas du vrai camping si ce n’est pas du camping sauvage. De un c’est bien plus beau, de deux ça coûte zéro pis une barre, et de trois tu as pas besoin de réserver. Qui a besoin d’une douche pis de l’eau potable quand t’as un lac pis un filtreur?

- Je sors maintenant avec un Yukonnais pure laine, un vrai de vrai qui m’a fait découvrir les aspects moins touristiques du Yukon. Je lui dois tellement, avec toutes les choses qu’il m’a apprises (i.e. 50% des éléments énumérées au dernier point de cette liste!) et les endroits incroyables qu’il m’a fait découvrir !   

Vélo de montagne à Grey Mountain
- Je pratique maintenant de nombreuses activités de plein air que je ne pratiquais pas avant, et chacune d’elle pourrait mériter une chronique en soit… le ski hors piste, l’escalade, le canot de rivière, le traîneau à chiens, le ski de patin, le vélo de montagne, la pêche, et bientôt la chasse (j’ai mon permis de chasse et de port d'arme, mais je n’y suis pas encore allée!)

Escalade

- Avec mon copain, j’habite présentement dans une tente prospecteur en dehors de la ville, à 40 km au sud de Whitehorse. Notre mission : entraîner les chiens de son père afin de passer 3 mois dans le fond des bois cet hiver, à 50 km de la route, et s’y rendre en traîneau à chien. L’expérience yukonnaise ultime ! Ne vous inquiétez pas, je lance ça de même, mais plus de détails viendront dans les prochaines chroniques…
Notre maison!

- Les grizzlis et les ours noirs, ça fait partie du paysage, et c’est pas plus grave que ça. Si tu fais du bruit, tu tiens ton campement propre et tu fais pas le con, « everything is gonna be alright » comme Bob disait. Quand je travaillais à l’hôpital, je recevais des courriels de la direction concernant des ours aperçus autour de l’hôpital dans les sentiers – bin oui, ça fait partie du genre de courriel que tu peux recevoir quand tu travailles au Yukon!

- J’ai joué au « Radio Bingo », posez pas de questions, il n’y a pas de réponse.

- Je sais pas ce que j’avais contre Air North dans le billet « Après 6 mois au Yukon » (et là vous vous dites « c’est beau on a compris, lâche le morceau, on va le lire ton maudit billet ». Wow, wow, pas besoin de vous fâcher…), mais Air North c’est la compagnie aérienne la plus dédiée au service à la clientèle que j’ai jamais rencontrée, c’est juste incomparable!! Deux bagages inclus en soute sans frais, un repas gratuit, un biscuit servi chaud en dessert, et un service impeccable. Qui a besoin de l’écran de TV avec les jeux pis les bébelles anyway ? Moi je suis vendue ! En plus, ils vont à Ottawa en vol direct (bah, juste un petit arrêt de 45 min à Yellowknife, ça se prend bien.)

- L’été, je peux compter sur les doigts de ma main les fins de semaine que je reste à la maison. Toujours dehors, toujours en camping.

- Mon char, je peux aussi l’appeler « entrepôt d’équipement de plein air ». Pis je suis pas la seule.

- Mes amis, ce sont tous des gens comme moi qui sont des fans de plein air. Alors c’est pas difficile de trouver du monde pour faire des activités autres que « faire des soupers » et « aller marcher en ville » ou « aller prendre une bière ou un café » (pas de jugement là ! Chacun son genre !)
Ski hors piste dans la White Pass à Feather Peak

- Depuis que je suis ici, j’ai appris à…: reculer un 4 roues avec un trailer, utiliser une scie mécanique, fendre du bois à la hache (mais aucunement efficace pour l’instant), pêcher du poisson et toutes les étapes avant de l’avoir dans l’assiette (le tuer, enlever les organes, faire les filets, l’apprêter, le faire cuire), tirer de la 22 sur une cible, changer mes pneus d’auto toute seule, faire un jardin et récolter des légumes, attacher mon canot sur le toit de mon auto sans aide, diriger un canot sur une rivière, mettre les harnais et attacher les chiens sur le traîneau ou le quatre roues, diriger les chiens de traîneau et les faire courir par moi-même, faire du pain maison à partir de « sourdough », assurer un grimpeur en escalade « top rope » (vraiment très débutant on s’entend), sécurité en terrain avalancheux et tous les tests/observations en montagne qui s’y rapportent, et je pourrais continuer comme ça pendant un bout.

Voilà. C’est tout pour le moment. Je vous reviens avec les détails de l’histoire de la tente prospecteur, du traîneau à chien pis de notre projet de cet hiver dans le bois. Je sais, ça faisait un peu précipité de même là… Mais là, vouliez-vous une liste exhaustive ou une liste à peu près ?? Non sérieusement, je vous donne plus de détails dans les prochaines chroniques, ça vaut la peine. Je voulais juste vous allécher un peu là, un p’tit « tease » comme on dit.

Allez, c’était bon de vous rejaser, mine de rien. 

Les blogs c’est peut-être démodé mais c’est tout autant thérapeutique. 

On reprend ça bientôt, je vous promets que la prochaine chronique ne s’appellera pas « Après 6 ans au Yukon » ;)

S.